Une rencontre de chien ! [PV Petite Peur]

Ce fut la première pensée qui me traversa l'esprit quand, tout juste sortie de la tanière, je dus plisser les paupières, éblouie par le soleil encore bas dans le ciel. Il faisait doux, signe que la saison des feuilles nouvelles approchaient à grands pas. Malgré tout, mes coussinets glissaient sur l'herbe encore mouillée par la rosée du matin et je m'ébrouai, chassant les gouttes d'eau qui perlaient mon pelage doré. Mes muscles se mirent à brûler, amenant en moi une énergie bouillonnante ; je me décidai à aller chasser pour essayer d'éteindre la braise qui se consumait rapidement. Je me retrouvai bien vite dans la lande, essuyant les quelques rafales de vent qui balayaient inlassablement la lande et me rendis dans l'unique bosquet d'arbres du territoire, bien décidée à attraper un écureuil. J'atteignis la frontière qui me séparait du clan du Tonnerre et mis mes sens aux aguets, prêtant attention au moindre bruit, au moindre souffle, à la moindre odeur de gibier... Je me tapis dans les fougères quand soudain, je sentis une puissante odeur d'un félin du Clan du Tonnerre. Je n'étais donc pas toute seule. Étant toujours à la recherche d'une proie, je jetai simplement un regard vers le territoire ennemi et je ne pus alors étouffer un cri de surprise quand je vis un chaton se balader, tout seul de surcroît. Décidément, les chats du Clan du Tonnerre étaient réellement irresponsables ! Je me décidai à garder un œil sur la petite sans pour autant la ramener chez elle, au risque de franchir les frontières. De plus, je venais d'apercevoir un dodu campagnol, et non l'écureuil tant espéré, à quelques queues-de-renard de ma cachette. Approchant doucement, le souffle retenu, je ne lâchai pas des yeux ma proie et me préparai à bondir quand le rongeur leva la tête, inquiet, l’œil écarquillé et fila dans son trou avant que j’eus le temps d'esquisser le moindre geste. Je me relevai, pestant intérieurement mais ce fut mon œil qui, à son tour, s'écarquilla de stupeur ; j'avais entendu un aboiement proche, très proche. Je me raidis : que faisait un chien aussi loin du territoire des bipèdes ? Je m'apprêtai à prendre mes pattes à mon cou quand l'image du chaton me revint en mémoire ; il fallait que je le sauve ! Je fis demi-tour, et courus ventre à terre vers la petite sans défense, traversant au passage la frontière. Mais ce que je vis à ce moment-là, me stoppa nette : le chaton, qui appartenait sans aucun doute au clan du Tonnerre dû à son odeur, était immobile, le regard terrorisé, face à un grand chien blanc et noir, le regard luisant. Me décidant sur-le-champ, je sautai sur le chien en lançant à la petite :


Car je savais que si elle courait, elle n'irait pas assez vite si le chien la poursuivait.

Toutes griffes dehors, les crocs découverts, j’atterris derrière le chien. Mon sang se mit à bouillir, mes muscles étaient bandés au plus haut point et une vive ardeur s'empara de moi ; j'avais l'impression que mes yeux lançaient des éclairs, je les sentais sortir de mes orbites... Un tambour, tel le galop d'un cheval, tapait à mes tempes qui éclataient. Le regard vif, j'observai les moindres mouvements de mon ennemi. À peine s'était-il retourné que je lui assénais un coup de griffe sur le museau avant de bondir sur son dos pour le faire tomber. Malheureusement, j'avais mal calculé mon coup et le canidé était bien plus grand que je l'imaginais : il m'envoya paître plus loin, près d'un buisson de ronces. Je me relevai, crachai le sang qui était monté dans ma gorge et avec un feulement de rage je m'élançai à nouveau, cette fois-ci sur son flanc. Bousculé par la rudesse de mon élan, le chien blanc et noir tituba un instant et je pus alors me glisser sous son ventre pour le lui lacérait des mes griffes aiguisées. Il bondit de douleur et partit en courant ventre à terre vers chez ses bipèdes sans prendre la peine de passer à côté de ma patte qu'il écrasa avec force. Je feulai à nouveau, cette fois-ci de douleur et me relevai avec peine. La nuit passée, une trombe d'eau était tombée sur tous les territoires et il restait alors de nombreuses flaques d'eau,descendante de cette averse. Je me regardais alors, admirant le résultat de cette bataille, courte certes, mais tout de même une bataille. Une légère griffure trônait au-dessus de mon arcade gauche, mes dents étaient rougies par le sang craché et j'avais une patte meurtrie, légèrement tordue. 
Honteuse de cette pensée, je la chassai à l'instant même où elle me traversa. Du clan du tonnerre, oui, mais un chaton ! Elle avait l'air tellement petite que je ne n'étais même pas sure qu'elle savait exprimer sa gratitude. D'ailleurs, je la recherchai du regard ; elle avait donc bien écouté ma consigne et s'était cachée comme il le fallait ! Je la débusquai derrière un arbre et lui murmura d'un ton que je voulais apaisant :


Je ne savais pas comment allait réagir son clan justement, mais je ne pouvais pas le laissé rentrer toute seule. Je l'accompagnai donc, boitillant à son côté dû à ma blessure à la patte. Je grimaçai de douleur mais me forçais à avancer, pour la petite.

La petite chatte bondissait à mes côtés. Était-elle heureuse ? Contente peut-être ? Elle avait l'air en tout cas. Mais était-ce dû à moi et le fait que je l'ai sauvée... Je ne pensais pas. Elle était sûrement trop petite pour se rendre compte du danger qu'elle avait couru. Je souffrais de cette marche jusqu'à son camp qui était éloigné du lieu où avait eu lieu la bataille et boitait de plus en plus. Je jetai un regard vers ma patte meurtrie et aperçus qu'elle s'était enflée. Je grimaçai de douleur. Soudain, le chaton s'enfuit ventre à terre tout en me criant :


Je voulais la stopper, lui ordonner de rester près de moi, mais elle avait déjà disparu. Je m'arrêtai alors, pour qu'elle puisse me retrouver quand elle reviendrait ; Je ne dû pas attendre longtemps car quelques instants après je la vis débarquer accompagné de deux chatons à ses côtés. Je soupirai.
*Super, je suis devenue nounou à présent !*
J'essayai de prendre une posture imposante et leur lançais : 


Je les regardais un à un, d'un air menaçant pour leur faire comprendre qu'ils n'avaient pas intérêt à me contredire puis partis en direction de leur camp.